Complexité

Comprendre la science des systèmes complexes

Les effets pervers

Les effets pervers peuvent être considérés comme des phénomènes émergents. Raymond Boudon le reconnaît dans l'avant-propos de son ouvrage Effets pervers et ordre social: "Effets pervers. Ce mot, emprunté aux économistes, est peut-être mal choisi. Contrefinalité, effets émergents, effets de composition, effets dialectiques sont peut-être des expressions préférables" (p.4)  peuvent être considérés comme des phénomènes émergents. Le sociologue y voit une des clefs pour comprendre la dynamique sociale: "On peut sans exagération affirmer qu'ils sont omniprésents dans la vie sociale et qu'ils représentent une des causes fondamentales des déséquilibres sociaux et du changement social" (p.5). 

 

Raymond Boudon les définit comme des effets non recherchés expressément par les acteurs sociaux: "il s'agit des effets individuels ou collectifs qui résultent de la juxtaposition de comportements individuels sans être inclus dans les objectifs recherchés par les acteurs" (p.10). Il en distingue deux formes fondamentales: les effets non désirés mais désirables et les effets non désirés et indésirables. La notion d'effet pervers se réfère avant tout à cette seconde catégorie.

Elle a des implications anthropologiques: l'être humain ne doit pas être considéré comme un être rationnel mais comme un être dont la rationalité est limitée (la bounded rationality de Herbert Simon): "le paradigme des effets pervers n'implique pas l'image d'un homo sociologicus rationnel. Mais il implique  celle d'un homo sociologicus intentionnel" (p. 12).